Calvin et Hobbes, mes deux philosophes préférés de la bande-dessinée


 par Soda&Gomorrhe


Voilà, je veux vous parler 9è art. Trop longtemps considérée comme un divertissement destiné aux enfants, la bande dessinée lutte encore aujourd’hui pour obtenir son statut de moyen d’expression artistique. Trop souvent assimilée à l’horreur sous-culturelle qu’est par exemple Titeuf, je peine à survivre dans ce monde où le commun des mortels snobe le 9è art et qui a en plus le bon goût de me jeter un regard mêlé de mépris et de pitié lorsqu’il me lorgne de loin alors que je suis au coin bd.

C’est pourquoi j’ai décidé de vous parler de Calvin et Hobbes, série  écrite et illustrée par Bill Watterson. On y suit le quotidien de Calvin, un enfant de six ans dans l’Ohio, très imaginatif et quelque peu psychotique. Mais aussi de son tigre en peluche Hobbes, simple jouet inanimé pour tous sauf pour Calvin, Hobbes prenant vie à ses yeux, étant doué de parole et l’utilisant le plus souvent pour réclamer une boîte de thon ou faire une remarque sarcastique. Par référence, les noms des deux personnages sont tirés du nom de deux penseurs aux philosophies radicalement différentes : le théologien Jean Calvin et le matérialiste Thomas Hobbes. Le dessin est simpliste, l’ensemble est en noir et blanc, on comprend tout de suite que ce sont les dialogues qui font la beauté de cette série.

L’histoire traite de la difficulté à ne pas tomber dans le cynisme dès l’âge de 6 ans, mais aussi du bonheur quotidien d’un enfant avec ses péripéties et ses réflexions  sur la mort pendant une descente de luge, à la condition humaine et des échanges philosophiques tout à faits délicieux et véritablement intelligents entre un tigre en peluche et un enfant de 6 ans. On est aussi souvent transporté dans l’univers imaginatif de Calvin, inspiré de sa situation dans le monde réel. Ainsi on assiste à cette délicieuse satire du monde de l’enfance, passant des sondages pour les élections paternelles présentés à un père dubitatif, aux confrontations avec la petite voisine dramatiquement fille, aux soirées de baby-sitting et au refus de la soumission, puis aux dialogues sur le temps qui s’écoule et à la valeur du temps passé à boire du lait chocolaté en lisant des bande-dessinées devant la cheminée les après-midi d’hiver.

En dépit du succès de Calvin & Hobbes, la série reste pourtant l’une des moins commercialisée. « Seulement » 30 millions d’album vendus dans le monde. Cela est dû au perfectionnisme de Watterson, créant peu mais bien, préférant  » la qualité plus que de l’argent rapide « . Pour Watterson, la BD est une forme d’art qui a une vie propre. Il n’a créé que 11 albums redécoupés en 24 albums par les imprimeurs Français afin d’optimiser la rentabilité (c’est-à-dire entuber chaque lecteur bien profondément, en nous forçant à claquer 240 euro pour avoir la série complète, contre 130 euro à l’origine).

Touchant mais intelligent, sarcastique et drôle, Calvin et Hobbes est une série qui traite de la vie avec humour et poésie. Si, il y a de la poésie, mais je ne vous en ai pas mis. Ça vous apprendra à vous moquer de moi lorsque je suis au rayon bd. C’est puéril, comme ce dernier strip, mais ça demeure agréable.

2 réponses à “Calvin et Hobbes, mes deux philosophes préférés de la bande-dessinée

  1. C’est pas que ça me dérange d’être enfermé à la cave quand je rentre de l’école mais quand on me jette de la nourriture les rats ont l’avantage du nombre.

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